les sept de madurai

Prix défi jeune “envie d’agir” de la Mairie de Montrouge et de la Préfecture des Hauts-de-Seine. 2008 .

J’ai 24 ans lorsque je postule à la a bourse Défi Jeune – Envie d’agir de la Mairie de Montrouge, mise au concours par la préfecture des Hauts-de-Seine.

Je viens d’entrer en thèse de Doctorat à l’EHESS de Paris. J’ai suivi une année de cours de Tamoul à l’INALCO.

J’éprouve pourtant ce besoin urgent de sortir du cadre académique, de descendre du concept vers le geste, de traverser les mondes vers la rencontre.

Ce prix m’a permis d’acheter un appareil photographique (un canon 5D) et une caméra vidéo (mini-DV à l’époque). Je m’envole alors pour l’Inde pour la seconde fois. Je voyage seule cette fois. 

Mais ce n’est pas un simple voyage. C’est un départ vers une intuition : celle que ma recherche peut se faire aussi avec les yeux; avec la peau.

À Madurai, au Tamil Nadu, avec l’aide de mon amie marionnettiste Brigitte Revelli, je monte un atelier de marionettes d’ombres et de vidéographie avec des enfants des rues des quartiers pauvres. 

Je leur propose de tenir la caméra, que ce soit leur regard qui documente leur propre vie, un peu comme l’imagine le héros de Lisbon Story de Wim Wenders. 

Sept enfants, sept points de vue, sept petits fragments de réel juxtaposés.
Ce que nous avons tourné est modeste, mais représente pour moi déjà une forme d’émancipation. L’image est à prendre ici comme un outil pour reprendre un peu de ce pouvoir sur sa propre histoire.

En parallèle, je tourne d’autres images. Celles de la vie qui déborde : les enfants des rues, les rituels de transe pentecôtistes, la chaleur de l’orphelinat Pierre Children’s Home, et les petit jeux, toujours eux de l’enfance.

J’ai été très marquée par ce premier « terrain participatif » ou “expérimental”. Il m’a permis de développer deux chapitres de ma thèse que j’ai nommé « La Pratique du Terrain par Atelier » et “Vers une Anthropologie Expérimentale”.

J’ai ensuite poursuivi mon travail de recherche par la pratique artistique (en danse, en photographie, en vidéo, par le son) avec toujours ce même besoin de croiser les regards. Pas pour produire des résultats, mais pour créer du lien, valoriser des connaissances situées. Pour habiter le monde autrement.

Ce projet est une ouverture. Un premier geste. S’en suivent de nombreux autres.