« L’agir autrement » est un outil d’accompagnement à la création chorégraphique.
Il se présente tel un jeu de tarot, où chaque lecture préconise une pratique gestuelle.
L’alignement des cartes après tirage présente au danseur une partition aléatoire lui permettant de danser en studio comme à distance ; en groupe, en duo, ou tout simplement pour soi .
Concrètement, les cartes sont organisées selon plusieurs couleurs qui décrivent une série d’ensembles répertoriés par catégories :
corps (rose),
espace (vert),
temps (bleu),
action (rouge),
dynamique (jaune),
relation (blanc) ou partition (noir).
Sur chaque carte est ainsi inscrit le nom d’un membre (avant-bras), une direction (vers la gauche), une temporalité d’exécution (vivace), une action (secouer), une dynamique (en douceur), une mise en relation (en miroir), et une indication de partition (en cascade).
Il n’y a pas de règle du jeu à proprement parler. L’ensemble des cartes sert de dispositif au danseur, comme un support à la pratique chorégraphique. À lui d’inventer ses règles. On peut par exemple ne tirer qu’une seule carte et jouer à définir le mot, afin de former un glossaire commun entre les membres d’une compagnie. On peut également chercher à travailler la finesse de la pratique du geste à partir de cette même carte. On peut enfin, composer une partition à partir de la lecture de plusieurs cartes.
Cette partition peut être agencée en fonction des danseurs, ou réécrite à travers plusieurs jours de pratique, dans le but de produire un solo ou une chorégraphie à plusieurs.
L’idée du jeu de cartes m’est venue après cinq années de séries d’ateliers donnés à travers le monde (Inde, France, Suisse, Roumanie, USA), dans le but de savoir comment les gestes pouvaient être contagieux, mais aussi, comment il pouvait s’en inventer de nouveaux.
Après avoir travaillé dans diverses situations — créations chorégraphiques, ateliers pour experts, ateliers pour adolescents migrants isolés, ateliers pour étudiants en design, ateliers pour étudiants ingénieurs, en Inde, en Suisse, à Paris, à Nantes, en Roumanie — il m’a semblé qu’il manquait un élément de transmission à l’apprentissage et à l’utilisation des capteurs de mouvement, tel un premier outil d’application pratique. Un outil pédagogique qui permet de comprendre les normes d’encodage du geste par la machine, se référant à la fois à la taxonomie et à la notation du mouvement.
J’ai ainsi conçu une première version du jeu de cartes, qui implique des catégories labaniennes. Il s’avère être un outil d’analyse précis pour chaque groupe de recherche par la pratique. Je l’ai ensuite utilisé au sein de ma compagnie Little Heart Movement. D’abord comme outil d’initiation à la création de partitions génératives, il devient rapidement le lieu d’un dialogue entre les danseur.se.s qui tentaient de définir ensemble, les enjeux de taxonomie des gestes.
Pour plus de détail sur la recherche qui accompagne le développement du jeu, consulter le Padlet qui lui est dédié.