flocs

pièce transmédiale de commandée par le LS2N (Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes)

La pièce FLOCS, présentée dans la salle MAXI de Stereolux à Nantes, me fut commandée à l’occasion de la soirée de lancement du Laboratoire des sciences du numérique de Nantes (LS2N), le 17 février 2017. 

Performance transmédiale, son nom trouve son origine au sein d’une double articulation sémantique : du latin flocus, le floc est cette fibre destinée au flocage. Floc est également cette interjection qui représente le bruit d’un corps tombé dans l’eau : flic ou flac. En mathématiques, le terme de flocking correspond à un modèle d’analyse qui décrit les comportements aléatoires, tels ceux des flocons de neige, des vagues, des hirondelles. 

C’est d’ailleurs le vol des martinets, cette année-là, tournoyant dans le ciel d’hiver de Nantes qui m’inspira l’écriture de la pièce. Il est fascinant d’observer ces oiseaux en vol, autant que les écouter : leurs battements d’ailes, leurs pépiements, laissent apercevoir une organisation telle une constellation mouvante. 

Dans la salle, les smartphones sont connectés à un réseau local qui permet leur activation. Les mouvements corporels des publics, captés par les smartphones, sont relayés sur un système central, qui peut, par exemple, générer une ambiance sonore où chacun devient le « relais » d’une ambiance générale amplifiée. Les smartphones peuvent également servir à la constitution d’une ambiance visuelle, vidéo-projetée sur divers supports (écrans ou parois). 

Flocs a été conçu en collaboration avec CoSiMa (Collaborative Situated Media). Programme de recherche européen porté par Norbert Schnell et Frédéric Bevilacqua, du département Sound Music Interaction (ISMM) de l’Ircam Centre Pompidou.

Flocs a également été conçue en collaboration avec Pierre Gufflet (V-Jing) et Alexandre Bouvier (D-Jing-.

Au moment de l’écriture de la pièce, je me faisais cette remarque qui devint une prémisse à la suite de l’expérience : non seulement le dérègle- ment climatique transforme le paysage de la ville, les températures s’y font bien plus douces qu’autrefois. Mais l’usage abusif de pesticides dans les campagnes avoisinantes modifie la trajectoire des oiseaux migrateurs. 

Les hirondelles sont aujourd’hui déclarées « espèce en danger » par les associations écologiques locales. Les insectes venant à manquer dans les espaces tiers (friches, jardins ouvriers, etc.), leur retour est attendu avec inquiétude. 

Pourtant, les martinets eux, dessinent toujours des nuages d’imprédictibilité, selon les mouvements d’air. 

Le paysage sonore urbain se voit aujourd’hui modulé par des dispositifs technologiques qui régissent tant l’éclairage public que la dynamique des feux de circulation. La vie des villes se voit désormais orchestrée selon des sonorités rythmées par la dynamique des flux séquencés eux-mêmes contrôlés par des algorithmes. 

Les ambiances des quartiers d’habitations sont en cela régies par la temporalité imposée par les nouvelles ingénieries. 

Pourtant, les études médicales démontrent que le niveau de stress des habitants augmente, notamment à cause de la pollution sonore. Comment se fait-il dans ce cas, que nous n’ayons pas encore assisté à la création de bureaux d’ingénierie urbaine, fondée sur une stratégie d’aménagement, prenant en compte le biorythme des habitants (humains comme non-humains) ? On pourrait d’ailleurs imaginer, dans un futur proche, que les paysages sonores urbains se voient transformés en espaces numériques partagés. 

Publication :

Anne Dubos, « L’ambiance n’a pas de côté » in Péaud, Laura, and Véronique Mehl (des) Paysages sensoriels : approches pluridisciplinaires, PUR, Rennes, 2019.